Jean-Marc Mahy entre à l’âge de 17 ans en prison. Il y passera près de
20 ans, à la suite d’événements tragiques où – comme le dit la loi – ses actes
ont entraîné la mort sans intention de la donner. Aujourd’hui Jean-Marc Mahy a
pu (re)commencer sa vie. Une vie qu’il a choisi de mettre au service des
autres, de témoigner pour faire en sorte que la jeunesse ne connaisse jamais
son expérience, et pour que des ex-détenus s’en sortent une fois
« sortis »…
Sur scène avec le comédien Stéphane Pirard jouant son rôle, il raconte la
prison, les humiliations, l’isolement, la folie qui le guette et ces petits
riens auxquels il s’accroche pour ne pas sombrer. L’histoire véridique d’un
homme luttant pour sa (sur)vie, qui est aussi un hymne à l’espoir, au dialogue,
au courage. Celle qui nous pousse à rester debout. Envers et contre tout.
Presse :
Critique du Soir


(Avis de la rédaction)
(par C.Ma. - édition du 06/05/2015)
Je ne reviendrai pas saluer, par respect pour mes victimes et tous ceux qui ont souffert dans ce parcours. Ces
derniers mots, avant que Jean-Marc Mahy ne quitte la scène, résument le
ton de ce seul-en-scène digne d'un bout à l'autre, porté par une rage
intérieure, jamais plaintive, ce qui aurait été indécent. Car Jean-Marc
Mahy a donné la mort deux fois, "sans intention de la donner" précisera
sa condamnation, mais tout de même, sa jeunesse a été éclaboussée par le
pire.
C'est cela que raconte l'ancien détenu. Enfermé à 17 ans, il passera 19
ans de sa vie en prison, dont trois ans en cellule d'isolement. Depuis
sa sortie, il témoigne auprès de jeunes délinquants dans les IPPJ, une
mission qui n'a pas fait pas de lui un comédien mais un orateur
passionné, magnétique. Ne cherchant pas à jouer, il revit pour nous son
histoire, déterre des souvenirs, replonge dans les moments de détresse
les plus profonds pour dénoncer cette prison, ce "tombeau", loin du
glamour des Prison Break et autres mystifications de l'univers carcéral.
Attention, Un homme debout reste un acte théâtral et non
documentaire, dont le premier effet frappant réside dans le décor,
plateau d'un noir oppressant encadré de portraits de jeunes, retouchés
par les tatouages de l'artiste Jean-Luc Moerman, peintures mi-tribales
mi-urbaines leur conférant une allure guerrière. Jean-Marc Mahy y
pénètre, dessinant au sol les contours d'une cellule dans laquelle il va
s'enfermer, une heure et demie durant, pour conter les humiliations, la
folie qui guette, les tentatives de suicide, les petits riens auxquels
s'accrocher. Concentré sur ses trois ans en isolement, son récit
distille aussi des indices sur son enfance, la délinquance qui vire au
crime, le rejet de sa famille, la vie après la prison. Avec un feu
troublant dans le regard, Jean-Marc Mahy captive les spectateurs,
adolescents en premier, pour une immersion en enfer dont on ne revient
pas intact.
CATHERINE MAKEREEL